La réforme du 3e cycle des études médicales se concrétise enfin après des années de réflexion
Dossier en 4 parties
Le chantier de la réforme du troisième cycle des études médicales est en phase d’achèvement pour une livraison du nouveau modèle à la rentrée 2017-2018. La publication des maquettes est imminente, sans pour autant faire consensus. Après sept ans de réflexion, la réforme propose une formule évolutive et empreinte d’adaptabilité.
La refonte du 3e cycle des études de médecine a connu plusieurs gouvernements
La réforme de l’internat de médecine, débutée en 2010, semble s’être accélérée en 2014. Finalement, elle devrait s’appliquer à la rentrée 2017-2018. Mais si les principaux textes législatifs sont parus, il reste encore quelques réglages à préciser.
Après environ un septennat de rapports et de reports, la nouvelle donne issue de la réforme du troisième cycle des études médicales devrait finalement entrer en application à la rentrée 2017-2018. L’annonce a été faite officiellement dans le cadre de la grande conférence de santé en février 2016, faisant oublier le premier calendrier, qui évoquait la rentrée 2016-2017. Aujourd’hui, on peut facilement imaginer que l’échéance confirmée par plusieurs textes législatifs sera respectée. Récemment, le décret du 25 novembre 2016 a en effet précisé la nouvelle organisation des études en trois phases successives d’apprentissage des connaissances et compétences professionnelles.
Un consensus perturbé
En juillet 2015, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, et Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, nommaient le Pr Benoît Schlemmer, ancien doyen de la faculté de médecine de Paris-Diderot (Paris 7) pour finaliser la réforme de l’internat. Quelques mois plus tard, l’arrêté du 13 novembre 2015 détaillait la liste des diplômes d’études spécialisées (DES) de médecine donnant droit à la qualification de spécialiste et marquant une fois pour toute la disparition des diplômes d’études spécialisées complémentaires (DESC). Alors que tout semblait presque gravé dans le marbre, l’arrêté du 26 décembre 2016 déterminant pour la période 2016-2020 le nombre d’internes en médecine à former par spécialité et par subdivision semble de nouveau avoir semé le trouble dans cette grande refonte. Différents représentants d’étudiants notamment ont alors estimé que leurs spécialités étaient défavorisées. La mise en place par exemple du codiplôme entre l’anesthésie-réanimation (AR) et la médecine intensive-réanimation (Mir) est actuellement perturbée par un profond désaccord concernant le nombre d’internes à former dans chaque spécialité (lire notre article). Des mouvements de contestations se sont aussi élevés du côté des psychiatres.
Sept ans de réflexion
Globalement, l’histoire de cette rénovation des études semble avoir été semée d’embuches, prenant quelques années. Elle a réellement débuté en 2010 avec un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) associée à l’Inspection générale de l’administration, de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR). Ce travail fut suivi de plusieurs propositions de la Commission nationale de l’internat et du post-internat pour une refonte du dispositif, installée à l’époque par Roselyne Bachelot alors ministre de la Santé. Par la suite, les Prs François Couraud et François-René Pruvot ont réuni leurs propositions dans un rapport souvent cité comme fondateur de la nouvelle donne des DES (lire notre article). Mais la course aux rapports ne s’est pas arrêtée là. François-Xavier Selleret, membre de l’Igas, et Patrice Blémont, inspecteur à l’IGAENR, ont été à leur tour chargés d’étudier les impacts statutaires, organisationnels et financiers (lire notre article).
À la veille de la mise en place de la réforme du troisième cycle, une meilleure visibilité sur les possibilités de carrières dans le secteur hospitalier s’impose de plus en plus. Le Centre national de gestion (CNG) a d’ailleurs anticipé la problématique en développant le logiciel Logimed et en le testant en Auvergne-Rhône-Alpes. À l’occasion de sa traditionnelle cérémonie des vœux, le CNG a donc annoncé le futur déploiement de son dispositif.
PR BENOÎT SCHLEMMER, EN CHARGE DE LA FINALISATION DU PROJET
« Même si l’on ne parvient peut-être pas tout de suite à un idéal, c’est un progrès considérable »

Après des années de réflexion et de concertation, la réforme du troisième cycle est dans sa dernière ligne droite. Elle se mettra en place progressivement, génération par génération. Son instigateur, le Pr Benoît Schlemmer, président de la commission dédiée à la réforme, rappelle qu’elle est faite pour s’adapter aux évolutions de la médecine.
Hospimedia : « La réforme du troisième cycle des études de médecine entre dans la dernière ligne droite de son instauration. Où en est-on aujourd’hui ?
H. : Combien de maquettes ont finalement été retenues ?
H. : Et concernant la durée de la formation, quelle option avez-vous retenue ?
H. : Vous avez évoqué des spécialités qui ont fait part de leurs inquiétudes. Il y en a d’autres. Comment les rassurer, alors que la publication des textes est imminente ?
H. : Et concernant les surspécialités qui demandaient un DES ?
H. : Vous évoquez aussi le caractère évolutif de cette réforme. Pouvez-vous l’expliquer ?
H. : Le comité de suivi annoncé veillera à l’établissement de ce bilan ?
« La montée en puissance progressive est d’ailleurs la raison pour laquelle un certain nombre de choses ne seront pas tout à fait calées au démarrage. […] L’important est de démarrer avec la première génération : l’urgence est d’assurer la rentrée 2017. »
H. : La mise en place sera progressive. Le calendrier initial est-il maintenu en cette fin de quinquennat ?
La concertation sur les maquettes de formation pourrait se prolonger jusqu’en avril
Syndicats et associations d’étudiants en médecine ne cachent pas leurs inquiétudes quant à la concrétisation de la réforme. Le 24 février, il semble que le dialogue ait été de nouveau instauré entre étudiants et ministères de tutelle. L’arrêté attendu pourrait être scindé en deux, pour poursuivre la concertation sur les maquettes jusqu’en avril.
Un mois de concertation supplémentaire
La revalorisation de la pédopsychiatrie est au cœur des enjeux pour la maquette du DES psychiatrie
L’orientation retenue par les ministères pour la maquette de psychiatrie serait un DES, avec le maintien d’une option pour la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Mais l’idée d’un co-DES n’est pas enterrée pour autant. Un point fait consensus entre les acteurs : la nécessité prégnante de revaloriser la formation de pédopsychiatrie.
L’idée d’un co-DES fait débat
Si l’impérieuse nécessité de revaloriser la pédopsychiatrie fait consensus — comme le montrent les auditions de la mission parlementaire en cours sur la psychiatrie des mineurs —, la place du curseur de la spécialisation en pédopsychiatrie au sein de la formation des futurs psychiatres est plus discutée. Dans une lettre adressée aux ministères concernés en novembre dernier, dont Hospimedia a eu copie, le président de la sous-section de la pédopsychiatrie du Conseil national des universités (CNU), le Pr David Cohen, chef du département de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à la Pitié-Salpêtrière à Paris, plaide, au nom des universitaires de la spécialité, pour « un co-DES à choix tardif« . Il fait alors part de « sa profonde inquiétude quant à la manière dont la réforme se dessine« . Selon ces universitaires, la configuration en co-DES aurait plusieurs avantages. Elle permettrait de favoriser une proximité avec la psychiatrie d’adulte et de répondre aux enjeux de fond en matière de formation. Elle garantirait la concordance minimale au format européen (six semestres de formation au minimum dans la discipline). Enfin, elle permettrait « d’anticiper sur les réformes inévitables du système de santé qui s’imposeront plus que jamais aux psychiatres d’enfant et d’adolescent d’être au cœur d’une organisation en pratiques avancées(avec les infirmiers) et en parcours de soins pluridisciplinaires
s internes. En effet, la présidente de l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (Affep), Bénédicte Barbotin, explique qu’une récente enquête auprès de plus de 900 internes en psychiatrie a montré qu’ils souhaitent à une très large majorité (81%), maintenir un DES de psychiatrie avec la possibilité d’options. Ceci afin de garantir une formation des futurs praticiens sur l’ensemble des troubles et leur évolution, depuis la petite enfance jusqu’à l’âge adulte. Et l’Affep d’exprimer par ailleurs la crainte que la création d’un co-DES n’ouvre finalement la voie dans le futur à deux DES distincts et deux professions différentes.