Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux
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Pour la troisième fois depuis le début de l’année, les praticiens hospitaliers étaient invités mardi à se mobiliser contre les réformes en cours — statut, Hôpital 2007… L’appel, lancé par plusieurs syndicats, a bien été suivi, d’après l’urgentiste Patrick Pelloux, pour qui c’est, là, « un combat important, le dernier avant l’avènement de “l’hôpital-entreprise” ».

LA CONFÉDÉRATION des praticiens des hôpitaux (CPH) a organisé une journée d’action et de mobilisation mardi dans les hôpitaux publics. Trois autres syndicats, l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France), la CGT Santé et FO Santé, appelaient de leur côté à la grève.

La mobilisation a été de faible ampleur, d’après le ministère de la Santé, qui donne les taux suivants : dans les CHU, une mobilisation de 3,14 % et une participation de 1,24 %, et, dans les centres hospitaliers, une mobilisation de 5,08 % et une participation de 1,87 %. D’après l’Amuf, au contraire, le mouvement a été «très suivi» : l’association donne un taux de grévistes chez les médecins urgentistes compris entre 80 et 100 % selon les régions.

Avec ce mouvement, les organisations syndicales opposées au plan Hôpital 2007 ont une nouvelle fois voulu dénoncer les réformes en cours à l’hôpital. S’agissant du nouveau statut des PH, «le gouvernement est passé en force», déplore la CGT, convaincue que les orientations prises – notamment l’instauration d’une part variable dans le revenu des PH – vont «mettre fin à l’indépendance du médecin, qui devient soumis à des critères de gestion financière et de rentabilité, donc, à la sélection des malades dits rentables».

La CPH, que préside le psychiatre Pierre Faraggi, fait la même lecture des décrets parus au « JO » il y a un mois. L’indépendance des PH est attaquée, dénonce l’intersyndicat.

Sur la même longueur d’onde, le Dr Patrick Pelloux, président de l’Amuf, ne veut «ni de la part variable, ni de ce nouveau statut qui donne la possibilité de licencier les PH». Egalement dans le collimateur de l’urgentiste, la nouvelle gouvernance hospitalière : «On commence à marcher sur la tête, car, maintenant, des médecins disent à d’autres combien de scanners ou d’examens ils doivent prescrire chaque jour», affirme Patrick Pelloux. Cette réforme, qui prévoit la mise en place de pôles dans chaque hôpital, «met en concurrence les médecins», et va les conduire à «se refiler les malades», déclare de son côté le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole du collectif des médecins des Samu d’Ile-de-France.

Lettre ouverte aux candidats à l’Elysée. Quelles solutions à ces problèmes ? Pour le Dr Pelloux, c’est simple : «Il faut se remettre autour d’une table et négocier autre chose, sinon l’hôpital-entreprise va tout emporter.» L’Amuf affirme trouver un écho favorable à ses revendications chez les anesthésistes hospitaliers, également sceptiques face à la part variable ; contact a été pris entre leur syndicat et l’association d’urgentistes, pour faire cause commune. Parmi les priorités du moment, le Dr Pelloux demande que chaque garde à l’hôpital soit payée 450 euros, y compris pour les médecins à diplôme extra-européen.

«L’étude juridique du décret statutaire est en cours et formalisera nos éventuels recours», précise de son côté la CPH.

Le président de la confédération, Pierre Faraggi, s’est fendu d’une lettre ouverte aux futurs candidats à l’élection présidentielle, pour leur demander de prendre clairement position sur l’avenir du système de santé. Le Dr Faraggi y expose son point de vue : «Les attaques contre l’hôpital (…) visent à privatiser le système de soins», écrit-il notamment.

> DELPHINE CHARDON