PARIS, 12 février 2009 (APM) – Des représentants des patients, des familles et des professionnels de la psychiatrie critiquent jeudi dans un communiqué commun le modèle des groupements locaux de coopération (GLC) pour la santé mentale proposé dans le rapport d’Edouard Couty sur l’organisation de la psychiatrie et de la santé mentale.
Le communiqué est signé par les présidents de l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam), la fédération nationale des associations d'(ex) patients en psychiatrie (Fnap-psy), la conférence des présidents des commissions médicales d’établissements des centres hospitaliers spécialisés (CME-CHS) et l’Association des établissements participant au service public de santé mentale (Adesm).
Le rapport Couty, remis le 29 janvier à la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, propose la constitution de GLC en santé mentale regroupant les soignants, publics et privés, les élus, les travailleurs sociaux, les responsables des secteurs du logement et de l’emploi pour gérer la prévention, le diagnostic précoce, les soins psychiatriques et somatiques ambulatoires, la réinsertion et la réhabilitation psychosociale (cf dépêche APM HMMAT003).
Les organisations estiment que le “modèle échafaudé” dans le rapport autour d’un GLC ne permet pas d’offrir un “cadre organisationnel cohérent adapté aux particularités du soin en psychiatrie”.
Pour elles, le GLC “confusionne [sic] au sein d’une même structure dotée de la personnalité juridique, une nébuleuse d”opérateurs’ (12 dans le texte sans compter les points de suspension) dont le flou quant au pilotage, aux répartitions de responsabilités et aux obligations de chaque acteur laisse pour le moins perplexe quant à sa déclinaison opérationnelle sur le terrain”.
Elles mettent en garde contre les dysfonctionnements qui risquent de résulter du clivage entre l’extrahospitalier relevant du GLC et l’intrahospitalier dépendant d’une autre institution “tant cette interface est particulièrement sensible dans le parcours de soins des usagers en santé mentale”, notamment dans les situations d’urgence. Elles s’interrogent par exemple sur la manière d’aménager le fonctionnement des soins sans possibilité de consentement en ambulatoire.
Les organisations font part de leur déception “à la mesure de leurs attentes et de leur implication” aux travaux de la commission Couty.
Elles relèvent néanmoins plusieurs propositions qui leur semblent de nature à améliorer le dispositif de soins et de prévention en santé mentale: le renforcement du rôle institutionnel des usagers en santé mentale, patients et familles; la création d’un diplôme d’infirmier spécialisé en psychiatrie; le développement de la recherche en santé mentale dans toutes ses dimensions; l’accélération de la mise en place de la valorisation des activités en psychiatrie (VAP) et “dans l’attente assurer une bonne traçabilité des financements des activités en psychiatrie”.
Dans la perspective de l’élaboration prochaine d’une loi pour la psychiatrie, l’Unafam, l’Adesm, la Fnap-psy et la conférence des présidents de CME de CHS insistent sur la nécessité d’un équilibre entre “qualité des soins, respect des libertés individuelles et légitime souci de sécurité de nos concitoyens”.
Elles soulignent également l’importance de disposer de personnels formés en nombre suffisant, d’organiser les soins et la prévention au niveau départemental, de clarifier et prioriser les missions de la psychiatrie, la représentation des usagers et des familles et garantir les “fondamentaux d’une régulation publique saine comme le droit d’accès à des soins de qualité comparable pour tous”.