Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux
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Article paru dans EGORA : www.egora.fr

Psychiatrie : la politique de sectorisation est « inachevée »
P.M.

Cinquante ans après leur introduction en France, les secteurs psychiatriques – unités de base de la délivrance de soins en psychiatrie publique – « se caractérisent par d´importantes disparités », tant dans les moyens « humains, matériels et financiers », que dans « l´atteinte de ses objectifs », selon une étude de l´Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes)*. Au final, cette politique de santé est donc « en partie inachevée ».

Ainsi, par exemple, les secteurs implantés en zone rurale et dont la population résidente est âgée, se distinguent des secteurs franciliens par leur sous-dotation en psychiatres et en personnel spécialisé (psychologues, personnel socio-éducatif ou de rééducation). En revanche, dans les secteurs autour de la capitale, l´accessibilité est bien meilleure, « avec une forte proportion de centres médico-psychologiques ouverts au moins deux soirs par semaine après 18 heures, des structures d´accueil des urgences ». Des disparités dans les moyens que l´on retrouve dans les capacités de prise en charge des patients mais aussi dans « l´intensité de l´engagement des alternatives à l´hospitalisation à temps plein ».

Comparée à d´autres pays, reconnaît l´Irdes, l´offre de soins française en psychiatrie peut être considérée comme « quantitativement importante » (en termes d´équipement et de ressources humaines) et même « innovante », l´ancrage territorial de la prise en charge de la santé mentale étant une « spécificité française ». Cependant, le secteur est en pleine évolution : d´ici à 2030, la densité de psychiatre aura diminué de 8 %, alors que jusqu´à aujourd´hui, le recours à la psychiatrie n´a fait que croître. Par ailleurs, « le contour légitime des missions dévolues respectivement à la psychiatrie et à la santé mentale est en questionnement ».

Comment, alors, mener à bien la politique de sectorisation ? Le rapport Couty (2009) proposait de réaffirmer la place du secteur psychiatrique comme « base territoriale de la santé mentale et de la psychiatrie » en tant que niveau de proximité. Ceci passerait par la mise en place de groupements locaux de coopération (GLC) pour la santé mentale. « Il peut s´agir d´une étape décisive dans l´achèvement de la mise en ouvre de la politique de sectorisation », estiment les chercheurs, « en intégrant davantage les autres partenaires de la prise en charge de la santé mentale et en déplaçant le centre de la prise en charge de l´hôpital vers la « communauté ». Il faudrait veiller, toutefois, à ce que cette réforme ne conduise pas à une « rupture de la continuité des soins pour les patients entre prise en charge ambulatoire et hospitalière », conclut l´Irdes.

* « Cinquante ans de sectorisation psychiatrique en France : des inégalités persistantes de moyens et d´organisation », publiée en août 2009 par l´Irdes (Questions d´économie de la santé n°145). Document accessible sur http://www.irdes.fr/Publications/Qes/Qes145.pdf