Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux
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20 Minutes 3 09 2008 – Un cas patent du retard français. La prise d’otage d’un psychologue lundi par un détenu à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) a mis en lumière les carences plus larges de notre système carcéral à l’égard des prisonniers à problèmes psychiatriques. Hier, plusieurs syndicats ont interpellé le ministère de la Justice, alors que Rachida Dati visitait le quartier des mineurs de Fleury à l’occasion de la rentrée scolaire. La CGT-Pénitentiaire a dénoncé « la surpopulation carcérale, le manque de personnels » ainsi que l’absence de « prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiatriques ».
Sur ce dernier point, le projet de loi de la garde des Sceaux, présenté cet été, reste flou, alors que la situation est grave. Selon une étude ministérielle de 2004 sur la santé en prison – la dernière en date -, « huit hommes détenus sur dix et plus de sept femmes sur dix présentent au moins un trouble psychiatrique, la majorité cumulant plusieurs troubles ». Parmi les cas cités : les dépressions (40 % des détenus), les névroses (20 %), les schizophrénies (7 %). Des chiffres qui traduisent aussi la pénalisation grandissante de la santé mentale. Les accusés jugés irresponsables sont passés de 17 % en 1980 à 0,17 % en 2001, et les non-lieux psychiatriques de 424 en 1990 à 203 en 2004.
Sur les 195 prisons françaises, seules vingt-six disposent d’équipes psychiatriques à plein temps dans des « services médico-psychologiques régionaux », comme à Fleury. La loi Perben de 2002 avait prévu la construction de neuf « unités hospitalières spécialement aménagées » entre 2008 et 2010. A ce jour, aucun de ces « hôpitaux-prisons » pour malades psychiatriques lourds n’a vu le jour. Hier, Rachida Dati a annoncé l’ouverture de deux d’entre eux « en 2009 et 2010 ». Pour les sept autres, il faudra donc attendre au moins jusqu’à 2011 ou 2012.

Bastien Bonnefous –