Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux
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C’est avec beaucoup de tristesse que le SPH a appris le décès de notre collègue Roger Mises à l’âge de 88 ans, membre honoraire de notre syndicat dont il avait été de tous les combats.

Professeur émérite de psychiatrie, grande figure de proue de la pédopsychiatrie française, c’est à la Fondation Vallée qu’il commença sa carrière. Réformateur et innovateur, il en devint le directeur en transformant radicalement cette institution au passé asilaire pour en faire un centre de référence moderne en matière de soins, d’enseignements et de recherches dans le domaine de l’enfant et de l’adolescent.

Père fondateur de la psychiatrie de secteur infanto-juvénile, autant praticien que théoricien de renom international, sa formation psychanalytique l’amènera à casser le mode d’approche psychiatrique traditionnel de l’enfant. Au système construit sur l’étiologie et les aspects psycho-physiologiques amenant trop souvent au constat de l’irréversibilité des troubles, il substitue une nouvelle clinique qui place la psychopathologie, la relation thérapeutique et l’évolutivité au centre d’une appréhension multidimensionnelle intégrant les aspects subjectifs, relationnels et sociaux. L’institution, en tant que base de travail de l’équipe pluri-professionnelle, devient un outil soignant destiné à produire un changement psychique.

Ces nouvelles conceptions multidimensionnelles ne pouvaient qu’aboutir à ce qu’il devienne l’auteur principal de la classification française des troubles de l’enfant et de l’adolescent à laquelle continue de se référer toute la profession qui y a trouvé un bouclier protecteur contre les réductions et les insuffisances du modèle biomédical anglo-saxon.

Toujours disponible, simple, proche et impliqué, Roger Mises savait se montrer pugnace et coriace lorsqu’il s’agissait de défendre l’ouverture et – disons le mot –l’humanité de la psychiatrie et de ses conceptions. Travailleur infatigable à l’esprit vif, à l’intelligence lucide et aiguisée servie par une mémoire remarquable, il faisait entendre sa voix encore récemment dans les attaques menées contre la discipline.

Un grand homme, que jusqu’à la fin la passion pour la psychiatrie n’a pas lâchée, disparait. La psychiatrie s’en souviendra.

Les obsèques auront lieu au Père Lachaise le vendredi 27 juillet à 10H30 dans la coupole.