Psychiatres et personnel infirmier en psychiatrie
Environ 10 % de la population adulte déclarent, à un moment ou à un autre de leur existence, souffrir d’une forme quelconque de trouble mental ou comportemental (OMS, 2001). Les personnes qui rencontrent des problèmes de santé mentale peuvent avoir recours à divers professionnels, tels que les généralistes, les psychiatres, les psychologues, les psychothérapeutes, les travailleurs sociaux et le personnel infirmier spécialisé.
Cette partie porte sur deux catégories de prestataires de services de santé mentale – les psychiatres et le personnel infirmier travaillant en psychiatrie –, car on dispose de moins de données comparables sur les autres catégories. Les psychiatres sont compétents pour diagnostiquer et traiter un éventail de problèmes de santé mentale graves, comme la dépression, les troubles de l’apprentissage, l’alcoolisme et la toxicomanie, les troubles alimentaires et les troubles de la personnalité tels que la schizophrénie. Les infirmiers en psychiatrie ont généralement suivi une formation d’infirmier au niveau universitaire et travaillent dans le domaine des services de santé mentale (OMS, 2011e).
En 2011, on dénombrait en moyenne 15.6 psychiatres pour 100 000 habitants dans les pays de l’OCDE (graphique 3.4.1).
C’est en Suisse que ce nombre était, de loin, le plus élevé, puisqu’il s’établissait à 45. Suivaient l’Islande, la France et la Suède, avec 22 psychiatres pour 100 000 habitants. La plupart des pays de l’OCDE en comptaient entre 10 et 20. Cinq pays affichaient une densité inférieure à 10 : le Mexique, la Turquie, le Chili, la Corée et la Pologne.
Depuis 2000, le nombre de psychiatres par habitant a augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles (graphique 3.4.1). La progression a été particulièrement soutenue en Suisse, en Autriche, en Pologne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Aux États-Unis, le nombre de psychiatres par habitant a légèrement diminué au cours de la même période, du fait d’une croissance plus rapide de la population.
Comme pour beaucoup de spécialités médicales, les psychiatres peuvent être inégalement répartis entre les régions d’un pays donné. Par exemple, en 2009, certains États et territoires australiens recensaient deux fois plus de psychiatres par habitant que d’autres (AIHW, 2012b).
Le rôle des psychiatres varie selon les pays. Par exemple, en Espagne, ils travaillent en étroite coopération avec les généralistes.
Par conséquent, bien que leur nombre soit relativement faible, les taux de consultation par les personnes souffrant de troubles mentaux sont plus élevés que dans beaucoup d’autres pays comptant davantage de psychiatres, parce que les généralistes orientent plus souvent leurs patients en consultation de psychiatrie (Kovess-Masfety, 2007).
Dans de nombreux pays, le personnel infirmier joue un rôle prépondérant et croissant dans l’offre de services de santé mentale, en structures tant hospitalières qu’extra-hospitalières.
En 2011, les Pays-Bas, l’Irlande et le Japon comptaient le plus grand taux d’infirmiers en psychiatrie (plus de 100 pour 100 000 habitants) ; la Turquie, le Mexique et la Hongrie affichaient quant à eux les densités les moins élevées (moins de 10 pour 100 000 habitants). Leur nombre était également relativement faible au Portugal et en Corée (entre 10 et 15). La moyenne de l’OCDE s’établissait à 50 infirmiers en psychiatrie pour 100 000 habitants (graphique 3.4.2).
Certains pays, comme l’Australie, ont mis en place des programmes visant à améliorer l’accès aux services de santé mentale en étendant le rôle des infirmiers spécialisés en psychiatrie dans les soins primaires. Dans le cadre du programme Mental Health Nurse Incentive Program lancé en 2007, le personnel infirmier spécialisé coopère avec les généralistes, les psychiatres et d’autres professionnels de la santé mentale pour prendre en charge les personnes souffrant de divers troubles mentaux. Selon une évaluation récente de ce programme, le personnel infirmier spécialisé joue un rôle positif dans l’amélioration de l’accès et de la qualité des soins apportés à ces patients, au moyen d’approches souples et innovantes (Happell et al., 2010)
1.6. Suicide
Cause importante de décès dans de nombreux pays de l’OCDE, le suicide a fait plus de 150000 morts en 2011. Un ensemble complexe de raisons expliquent qu’une personne attente à sa propre vie, et de nombreux facteurs de risque peuvent prédisposer un individu à tenter de mettre fin à ses jours. Plus de 90 % des suicides ont été le fait de personnes atteintes de troubles psychiatriques comme la dépression grave, les troubles bipolaires ou la schizophrénie (Nock et al., 2008).
L’environnement social dans lequel vit la personne compte également beaucoup. Des revenus faibles, une consommation abusive d’alcool ou de drogue, le chômage et la solitude sont autant de facteurs associés à des taux de suicide plus élevés (Qin et al., 2003 ; Crump et al., 2013).
En 2011 (ou l’année la plus proche), les taux de suicide les plus faibles ont été enregistrés en Grèce, en Turquie, au Mexique, au Brésil et en Italie, avec six décès, voire moins, pour 100 000 habitants (graphique 1.6.1). La Corée, la Hongrie, la Fédération de Russie et le Japon, en revanche, affichent des taux supérieurs à 20 décès pour 100 000 habitants. On relève un rapport de 1 à 10 entre la Corée et la Grèce, qui ont respectivement le taux le plus élevé et le taux le plus faible de décès par suicide. Il est toutefois possible que, dans certains pays, le nombre de suicides déclarés soit sous-estimé du fait qu’il s’agit d’un acte stigmatisant, ou en raison de problèmes liés aux critères de déclaration (voir « Définition et comparabilité »).
Les taux de décès par suicide sont quatre fois plus élevés chez les hommes que chez les femmes dans les pays de l’OCDE. En Grèce et en Pologne, les hommes sont au moins sept fois plus exposés que les femmes au risque de suicide, un écart qui s’est creusé dans les deux pays ces dernières années. Si la différence entre les sexes est moins prononcée au Luxembourg et aux Pays-Bas, le taux de suicide des hommes y reste deux fois plus élevé que celui des femmes.
Depuis 1990, les taux de suicide ont diminué de plus de 20 % dans les pays de l’OCDE, et ils ont reculé de plus de 40 % dans des pays comme la Hongrie (graphique 1.6.2). En Estonie, les taux ont chuté de près de 50 % en 20 ans, même s’ils avaient connu une recrudescence sensible vers le milieu des années 90. Par ailleurs, le nombre de décès par suicide s’est accru dans des pays tels que la Corée et le Japon. Le Japon a enregistré une forte progression entre le milieu et la fin des années 90, pendant la crise financière asiatique, mais les chiffres sont restés stables depuis lors. Le taux de suicide a également beaucoup augmenté en Corée au cours des années 90, mais la hausse s’est poursuivie, contrairement à ce qui s’est passé au Japon. Le suicide est désormais la quatrième cause de décès en Corée (Jeon, 2011). Les services de santé mentale en Corée sont en retard par rapport à ceux d’autres pays : le soutien y est fragmenté, largement axé sur les soins en institution, et l’aide s’avère insuffisante ou inefficace pour les personnes qui continuent de vivre au sein de la collectivité. Ce pays doit également poursuivre sa lutte contre les préjugés auxquels se heurtent les personnes en demande de traitement (OCDE, à venir).
Des études antérieures ont mis en évidence une étroite corrélation entre une situation économique difficile et l’augmentation des taux de suicide (Ceccherini-Nelli et al., 2011 ; Classen et Dunn, 2012 ; Zivin et al., 2011). Le graphique 1.6.2 montre les taux de suicide de plusieurs pays durement touchés par la récente crise économique. Les chiffres ont augmenté légèrement au début de la crise dans des pays tels que l’Irlande, mais les données récentes montrent que cette tendance ne s’est pas pérennisée. En Grèce, les taux de suicide sont restés stables en 2009 et 2010, malgré l’aggravation de la situation économique.
Cela souligne l’importance pour les pays de continuer de suivre de près l’évolution de la situation afin d’être en mesure de réagir promptement, notamment pour ce qui concerne les populations à risque, comme les chômeurs et les individus atteints de troubles psychiatriques (se reporter à l’indicateur 5.8).