Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux
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C’est avec surprise et consternation que le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux a découvert l’existence d’un projet de circulaire relative à la contention et à l’isolement en psychiatrie auquel n’étaient pas associés les syndicats de psychiatres.

Alors que le sujet est suffisamment sensible pour susciter un rapport thématique du CGLPL, les représentants des professionnels supposés décider ces « pratiques de dernier recours », se trouvent écartés des travaux qui doivent en encadrer l’usage effectif. Sans doute inspirés par la formule selon laquelle « la guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires », les tutelles et le ministère préfère traiter cette question embarrassante avec d’autres que les psychiatres. La HAS a ainsi constitué un groupe de travail pour l’actualisation des recommandations relatives à l’isolement et la contention dont la grande majorité n’a aucune activité psychiatrique hospitalière.

Le sujet apparaît comme un symptôme résistant à l’obstination gestionnaire qui tient à faire comme si la psychiatrie pouvait être une discipline médicale comme les autres, et qui se traduit dans des réformes qui gomment les spécificités de la psychiatrie : disparition il y a plusieurs années du diplôme d’infirmier psychiatrique, des schémas régionaux d’organisations psychiatrie et santé mentale, du mode de nomination spécifique des psychiatres hospitaliers, réduction du nombre d’heures d’enseignement de la psychiatrie dans la formation des personnels. Mesures que les ministères successifs prennent depuis que le new public management s’est invité à la santé, tout en reconnaissant avec une belle régularité que la santé mentale est une priorité ce qui ne les empêchent pas de diminuer les DAF.

Les pressions médico-économiques, la judiciarisation, les exigences de sécurité qui le disputent aux nécessités de respect de droits des usagers, laissent les personnels des hôpitaux psychiatriques seuls aux prises avec les complexités d’une société aux exigences multiples et contradictoires que les protocoles ne suffiront pas à réduire. L’exemple de l’Islande qui a proscrit les mesures de contention est enviable, mais c’est au prix d’effectifs suffisants grâce à l’octroi d’un soignant pour un patient…

Le SPH qui a déjà produit plusieurs contributions sur le sujet (commentaire de la circulaire joint) demande à ce que les organisations représentatives des professionnels en psychiatrie soient associées au travail d’élaboration qui fait appel aux compétences professionnelles en psychiatrie hospitalière. A défaut, l’ambition du législateur affichée dans l’article 72 de la loi de modernisation du système de santé ne donnera qu’une réglementation frileuse et les recommandations à venir de la HAS seront inapplicables.