L’inquiétude vient de l’absolue cécité de la classe politique devant la réelle dangerosité de ce projet pour les libertés formelles dans ce pays : fichage des malades présumés dangereux, et accès sans garantie aux informations personnelles, transformation des Maires en sheriffs, dès le premier âge des administrés, rabotage indécent du secret professionnel des travailleurs sociaux et des médecins, assimilation pernicieuse de la pathologie mentale aux registres de la délinquance et de la dangerosité…
Tout cela fleure, hélas, le XIXème siècle et le troisième empire, et sa dénonciation des classes dangereuses et de la dégénérescence, le progrès est en avance sur son temps !
On (le « politique ») ne peut fonder impunément une législation sur la peur et son exploitation, à partir de quelques évènements sanglants. Le rôle du juge et du gouvernant est aussi d’arbitrer et de marquer les limites de la Loi : elle ne peut répondre aux préoccupations de court terme, au risque d’ouvrir la pente aux pires pratiques dont on connait les termes : enfermement sans cause, sévices physiques voire institutionnalisation de la torture, au nom de la lutte pour la sécurité intérieure.
Les psychiatres, unanimes, refusent que la Psychiatrie soit dénaturée par une loi opportuniste, et que de discipline médicale, elle ne devienne auxiliaire d’un ordre à définir.